Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE L’AVÉNEMENT DU ROI LOUIS A LA BATAILLE D'IÉNA xr

nations, conférait la couronne de Hollande à Louis-Napoléon (1).

Le traité signé, on procéda à une autre formalité. Le 5 juin, les mêmes commissaires que le grand-pensionnaire avait envoyés à Paris pour combattre les projets de Napoléon, se rendirent en cérémonie au palais des Tuileries. Admis à l'audience impériale après l'ambassadeur de Turquie, ils se dirent chargés au nom du peuple batave d'offrir la couronne au prince Louis, et prièrent Sa Majesté d’adhérer au vœu dont ils étaient les respectueux interprètes. Ce fut l’amiral Ver Huell qui porta la parole. Moins opposé que ses collègues à l'établissement de la monarchie, il s’acquitta de ce rôle au gré de Napoléon. Il parla des avantages que devaient procurer à sa patrie des institutions mises en harmonie avec celles de la France, et exprima l’espoir que, liée désormais € au grand et immortel empire, » la Hollande retrouverait ses anciens jours de gloire et de prospérité. L'empereur répondit que, toutes les fois qu’il avait dû intervenir dans les affaires intérieures du peuple batave, il avait été frappé des inconvénients attachés à la forme incertaine de son gouvernement; que l'offre faite au prince Louis était conforme aux intérêts de la Hollande, à ceux de la France, et propre à amener le repos général de l’Europe ; que la France avait été assez généreuse pour renoncer aux droits que les événements de la guerre lui avaient donnés sur la Hollande, mais qu'il ne pouvait confier les places fortes qui couvraient les frontières du nord de l'empire à la garde d’une main infidèle ou

(1) Voy. ce traité, Annexe n° 3. On lit à l’article 2 du traité : « Sur la demande formelle faite par Leurs Hautes Puissances, représentant la République batave, que le prince Louis Napoléon soit nommé et couronné roi héréditaire et constitutionnel de Hollande, Sa Majesté adhère à ce vœu et autorise le prince Louis à accepter la couronne. » M. Albert Réville est le premier qui, en France, ait signalé l’opposition qu'avait faite le gouvernement batave à l'établissement de la royautg