Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XII NAPOLÉON I« ET LE ROI LOUIS.

douteuse. & Messieurs les représentants du peuple batave, ditil en terminant, j'adhère au vœu de Leurs Hautes Puissances, je proclame le’ prince Louis roi de Hollande. » Puis, se tournant vers son frère : € Vous, prince, régnez sur ces peuples. Que la Hollande vous doive des rois qui protégent ses libertés, ses lois, sa religion, mais ne cessez jamais d’être Français. » Prenant à son tour la parole, le prince Louis prononça un discours dont le texte avait été convenu entre lui et son frère (1); après quoi, l’empereur passa dans un salon voisin pour donner un coup d'œil aux présents que lui envoyait le sultan Sélim. Le nouveau monarque précéda son frère, et les huissiers, marchant devant lui, annoncèrent le roi de Hollande. La République batave avait cessé d'exister.

Lorsque ces nouvelles commencèrent de se répandre en Hollande, elles y causèrent d’abord une véritable consternation (2). Cependant la nation se résigna, comme s'étaient résignés ses mandataires officieux. Avec les instincts de sagesse qui lui étaient naturels, elle jugea que la seule chose à faire était de tirer le meilleur parti possible d’une situation qu’on ne pouvait empêcher. Le nouveau roi ne lui était pas inconnu. Pendant la campagne qui avait précédé la bataille d’Austerlitz, le prince Louis, placé à la tête de l’armée qui gardait la Hollande et le nord-est de l'empire, s'était concilié par sa conduite l'estime des Hollandais. D’ailleurs, il faut bien le dire, il y avait dans la population quelque chose de cette indifférence qu’on avait vue en France à la fin du directoire (3), et qu'engendre la fatigue

(1) Le texte de ces discours se trouve reproduit tout au long dans le t. 1 des Documents historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande, p. 126-132.

(2) C’est le mot employé par l'amiral Ver Huell dans une lettre du 31 mars 1806 qu'il écrivit de la Haye, où il était allé notifier à Schimmelpenninck les intentions de Napoléon. Voir cette lettre, Annee n° 8.

(3) Voy. l'État de la France au dix-huit Brumaire, In-12, Paris, Didier, 1874.