Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

DE L'AVÉNEMENT DU ROI LOUIS À LA BATAILLE D'IÉNA. xv

tentive de la correspondance échangée entre les deux frères. Sans que cette idée d’annexion ait jamais quitté tout à fait son esprit, elle ne nous paraît l’avoir occupé d’une manière positive que sous l’impression de nouveaux événements (1).

Né le 2 septembre 1778, Louis avait alors près de vingthuit ans. Marié depuis quatre ans à Hortense de Beauharnais et malheureux de cette union, porté par son caractère et par l'effet d’une santé languissante à la mélancolie, parfois à la tristesse, nerveux, impressionnable, écoutant moins sa raison que son imagination, doué de plus de vouloir que d'énergie, se défiant de lui-même et sans expérience des affaires, il manquait des qualités nécessaires pour s’accommoder aux événements et commander aux hommes. Ses goûts le dirigeaient bien plutôt vers les occupations littéraires (2) et la vie de famille que vers la politique ou la guerre. Il possédait en revanche les vertus de l’honnête homme. Loyal et consciencieux, scrupuleux même, épris d’un amour sincère pour la justice, il était avec cela doux, humain, et plus sensible au plaisir de se faire aimer qu'à celui de se faire craindre. On a dit (3) qu'il

(1) On sait d’ailleurs que le propre de Napoléon était de n'avoir aucune stabilité dans sa politique générale. Attentif à se conformer aux faits, sans prétendre les dominer, il modifiait ses décisions selon les circonstances.

(2) Vos l'énumération de ses écrits dont la nature peut indiquer, jusqu'à un certain point, la direction de son esprit : Marie, ou les peines de l'amour, Paris, 1808, 1814, 1815, 3 vol. in-12. — Odes, Vienne, 1813, in-4°. — Histoire du parle“ment anglais depuis son origine jusqu'à l'an VIT, avec notes de Napoléon, Paris, 1820, in-8°. — Documents historiques et réflexions sur le gouvernement de la Hollande, Paris, 1820, 3 vol. in-8°. — Réponse à sir Walter Scott sur son Histoire de Napoléon, Paris, 1828, 1829, in-8°, — Nouveau recueil de poésies, Florence, 1898, in-8°. — Observations sur l'Histoire de Napoléon de I. de Norvins, Paris, 1834, in-8°. ‘

(3) Thiers, ist. du consulat et de l'empire. I convient de n'accepter qu'avec réserve les jugements de l’illustre écrivain sur le roi Louis; qu'ilne paraît avoir connu que par les appréciations de Napoléon.