Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XXIV NAPOLÉON Ix ET LE ROI LOUIS.

qu’il lui avait conseillée lors de son avénement, c'était d'établir la conscription au lieu du recrutement usité en Hollande (1). Mais le peuple hollandais est marin, il n’est pas militaire. Louis, qui connaissait l'extrême répugnance des habitants pour cette institution, ne céda pas plus sur cet article qu'il n’avait cédé sur l'imposition des rentes ; et, durant tout son règne, il refusa de se prêter à cette double mesure, avec une persévérance que Napoléon n’attendait pas de son caractère (2). Entravé, dès le début de son règne, dans les desseins d’économie que lui suggérait l'intérêt du pays, Louis se vit froissé sur d’autres points qui le concernaient personnellement. Il avait nommé comme ambassadeur à Paris le général Dumonceau qui s'était conduit avec honneur à la bataille d’Austerlitz. Napoléon signifia qu’il ne voulait point de généraux hol‘ Jandais pour exercer ces fonctions auprès de lui (3), et garda l’ancien ambassadeur, M. Brantzen, que son âge avancé rendait peu propre à remplir utilement un semblable mandat (4). D'un autre côté, Louis, qui prenait au sérieux sa nouvelle royauté, voulut, comme Joseph à Naples, avoir une garde (5), créer un ordre (6) et se faire couronner (7), imitant en cela Napoléon lui-même, dont il ne jugeait sans doute pas qu’il fût déraisonnable de copier les procédés. Ce n’était pas uniquement dans un but d'apparat qu'il voulait former une garde; se

(1) Docum. histor., t. I, p. 232. — Napoléon à Louis, 5 août 1806, p. 18.

(2) Napoléon, en réunissant la Hollande à l'empire, établit tout à la fois l’imposition sur les rentes et la conscription. Le tiercement des rentes fut stipulé dans le décret de réunion. Voy. Annexe, n° 8.

(3) Napoléon à Louis, 21 juillet 1806, p. 18.

(4) Napoléon à Louis, 29 juillet 1806, p. 15. — Louis à Napoléon, 8 août 1806, p. 21.

(5) Louis à Napoléon, 24 juin 1806, p. 4.

(6) Louis à Napoléon, 24 août 1806, p. 25.

(7) Louis à Napoléon, 18 août 1806, p. 23: