Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

ABDICATION DU ROI LOUIS. 323

surance que son intention n’était point d'occuper Amsterdam, Vous en trouverez la copie ci-jointe; et cela me faisait espérer que l’on reviendrait à suivre strictement et à ne point dépasser un traité imposé par S. M. l’empereur même.

Malheureusement l’erreur n’a pas été longue, et j'ai reçu la com munication que 20,000 hommes de troupes françaises se réunissaient à Utrecht et aux environs. J'ai consenti, malgré la pénurie extrême et l'embarras de nos finances, à leur fournir les vivres et autres choses nécessaires, quoique le traité porte qu'il n’y aura précisément que 6,000 hommes aux dépens de la Hollande ; mais Je craignais que ce rassemblement n’annonçât d’autres intentions défavorables à notre gouvernement, et je n’ai point tardé à recevoir, avant hier 29, l’information officielle que S. M. lPempereur insistait sur l’occupation d'Amsterdam et l'établissement du quartier général français dans cette capitale.

Dans cette position, vous ne devez pas douter, Messieurs, que je ne me fusse résigné à souffrir pour mon peuple de nouvelles humiliations, si j'avais pu concevoir l’espérance de pouvoir supporter un tel état de choses et surtout de prévenir de nouveaux malheurs ; mais je ne puis me faire illusion plus longtemps. J’ai ratifié conditionnellement le traité dicté par la France, dans la conviction que les parties les plus désagréables pour la nation et pour moi ne seraient pas suivies, et que, satisfait de l'abnégation de moi-même, pour ainsi dire, qui résulte de ce traité, tout serait aplani entre la France et la Hollande, Ce traité offre, à la vérité, un grand nombre de prétextes à de nouveaux griefs et à de nouvelles accusations ; Mais peut-on jamais manquer de prétextes ? J'ai donc dû me confier dans les explications et les communications que l’on m'a faites lors de ce traité, et dans les déclarations formelles et précises que je n’ai pu manquer de faire : telles que les douaniers ne se méleraient que des mesures relatives au blocus ; que les troupes françaises ne resteraient que sur les côtes ; que les douaniers et créanciers de l’État et ceux de la couronne seraient respectés ; que les dettes des pays cédés viendraient à la charge de la France; enfin que, dans le nombre des troupes à fournir, on défalquerait celles qui sont en ce moment à la disposition de la France en Espagne, de même que pour l’armement maritime on donnerait le temps nécessaire. |

Je me suis même toujours flatté que le traité aurait été adouci.

21.