Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

RÉUNION DE LA HOLLANDE A L'EMPIRE. 329

le commerce quefaisait la Hollande. Déjà Rotterdam et Dordrecht sont à la veille de leur ruine, ces villes perdant le commerce du Rhin qui va directement, par la nouvelle frontière, dans les ports de l'Escaut en traversant le Biesboch. La partie de la Hollande encore étrangère à l’Empire est privée des avantages dont jouit la partie qui y est réunie. Obligée cependant de faire cause commune avec la France, la Hollande supportera les charges de cette association sans en recuéillir les bienfaits. |

La Hollande est accablée sous le poids de sa dette publique, qui s'élève de 85 à 90 millions, c’est-à-dire à un quart de plus que la dette de tout l'empire réuni ; et, si on projetait une réduction par le gouvernement du pays, il ne serait pas en son pouvoir de donner une garantie de l’inviolabilité de cette disposition et de sa fixité, puisque cette dette, même réduite à 30 millions, serait encore audessus des moyens et des forces réelles de ce pays. On estime que la Hollande paye le triple de ce que paye la France. Le peuple gémit sous le poids de vingt-trois espèces de contributions diverses : la nation hollandaise succombe sous ses contributions ; elle ne peut plus les payer.

Et cependant les dépenses nécessaires du gouvernement exigent que le fardeau soit augmenté. Le budget de la marine ne s’est composé en 1809 que de 3 millions de florins, qui ont été à peine suffisants pour solder les administrateurs ; les états-majors et le corps de la marine, et entretenir les arsenaux, mais qui n’ont pas permis l’armement d’un seul vaisseau de guerre. Pour satisfaire aux armements qui ont été crdonnés en 1810, et qui sont le inimum de la force morale propre à la défense de la Hollande, il faudra le triple de cette somme. Le budget de la guerre à fourni à peine à l'entretien des forteresses et de seize bataillons ; et, pendant que deux départements de cette importance sont si loin d’avoir ce qui leur est nécessaire pour soutenir l'honneur et la dignité de l'indépendance, l'intérêt de la dette publique a cessé d’être payé : il est arriéré de plus d’un an et demi.

Si, dans un tel état de choses, V. M. maintient les dernières dispositions, en donnant ainsi à la Hollande un gouvernement provisoire, elle ne fait que prolonger sa douloureuse agonie. Si le gouvernement d’un prince dans la force de l’âge a laissé ce pays dans un tel état de souffrance, que pourrait-il espérer d’une longue mino-