Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

330 ANNEXE.

rité? Il ne peut donc être sauvé que par un nouve ordre de choses. Le temps de la force et de la prospérité de la Hollande a été celui où elle faisait partie de la plus grande monarchie qui fût alors en Europe. La réunion au grand empire est le seul état stable où la Hollande

puisse désormais se reposer de ses souffrances et de ses longues vicissitudes, et retrouver son ancienne prospérité. _ Ainsi V. M. doit prononcer cette réunion pour l'intérêt, je dirai, pour le salut de la Hollande ; elle doit s'associer à nos biens, comme elle est associée déjà à nos maux. Mais un autre intérêt indique encore plus impérieusement à V. M. la conduite qu’elle doit tenir.

La Hollande est comme une émanation du territoire de la France, elle est le complément de l’empire : pour posséder le Rhin tout entier, V. M. doit aller jusqu'au Zuyderzée. Alors tous les cours d’eau qui naissent dans la France ou qui baignent la frontière lui appartiendront jusqu'à la mer. Laisser dans des mains étrangères le débouché de nos rivières, c’est, Sire, borner votre puissance à une monarchie mal limitée, au lieu d’élever un trône impérial. Laisser dans des mains étrangères les embouchures du Rhin, de la Meuse et de l'Escaut, c’est leur soumettre votre propre législation ; c’est rendre tributaires du possesseur de ces embouchures le commerce et les manufactures de vos États ; c’est admettre une influence étrangère sur ce qui importe le plus au bonheur de vos sujets. La réunion de la Hollande est encore nécessaire pour compléter le système de l’empire, surtout depuis les ordres du conseil britannique de novembre 1807. Deux fois, depuis cette époque, V. M. à été obligée de fermer ses douanes au commerce hollandais, et, par cette mesure, la Hollande a été isolée de l'empire et du continent. Après la paix de Vienne, V. M. eut la pensée d'exécuter la réunion. Elle en fut détournée par des considérations qui cessent d’exister; ellese contenta à regret du traité du 16 mars, qui à aggravé les maux de la Hollande sans remplir aucune des vues de V. M. Aujourd’hui la barrière qui l’arrêtait s’est levée d’elle-même. V. M. doit à son empire de profiter de cette circonstance qui amène si naturellement la réunion. Il ne peut y en avoir de plus favorable à l’exécution de ses vues.

V. M. a établi à Anvers un puissant arsenal. L’Escaut étonné s’enorgueillit de voir déjà vingt vaisseaux du premier rang portant