Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

RÉUNION DE LA HOLLANDE A L'EMPIRE. 331

le pavillon impérial et protégeant ses rives à peine fréquentées autrefois par quelques bâtiments de commerce. Mais les vastes projets de S. M. à cet égard ne peuvent être remplis dans leur totalité que par la réunion de la Hollande; elle est nécessaire au complément d’ane si merveilleuse création. Avec l'énergie du gouvernement de V. M, l’année prochaine ne sera pas finie que, par l'emploi des ressources maritimes que fournit la Hollande, une escadre de 40 vaisseaux et un grand nombre de troupes de ligne pourront être réunis sur l'Escaut et au Texel pour disputer les mers au gouvernement britannique et repousser ses tyranniques prétentions.

Ainsi ce n’est pas l’intérêt seul de la France qui exige la réunion ; c’est aussi celui de l’Europe centinentale qui demande à la France de réparer les pertes de sa marine pour combattre sur son propre élément l'ennemi de la prospérité de l’Europe, dont il n’a pu étouffer l'industrie, mais dont il gêne les communications par lexcès de ses prétentions et le grand nombre de ses vaisseaux. Enfin la réunion de la Hollande accroit l'empire en resserrant ses frontières qu'elle protége et en augmentant la sécurité de ses arsenaux et de ses chantiers. Elle l’enrichit d’un peuple industrieux, économe, laborieux, qui servira à la fortune publique en travaillant à sa fortune particulière. Il n’en est pas de plus estimable et de plus propre à tirer parti des avantages qu'offrent à l’industrie les lois libérales de votre gouvernement. La France ne peut faire une plus précieuse acquisition. La réunion de la Hollande à la France est la suite nécessaire de la réunion de la Belgique. Elle complète l'empire de V. M. et l’exécution de son système de guerre, de politique et de commerce. C’est un premier pas, mais un pas nécessaire vers la restauration de sa marine ; enfin c’est le coup le plus sensible que V. M. puisse porter à l'Angleterre.

Quant au jeune prince qui est si cherà V. M. il a déjà ressenti les effets de sa bienveiilance particulière. Elle lui a donné le grandduché de Berg. Il n’a donc besoin d'aucun nouvel établissement.

J'ai l’honneur de proposer à V. M. le projet de décret ci-joint.

Je suis, etc. (Signé) CHamPaGnY, duc de Cadore.

Paris, le9 juillet 1810.