Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales
DE LA BATAILLE D'IÉNA AU TRAITÉ DE TILSITT. XLII
qu’en montrant à tous les yeux une intention sincère de se vouer au bien du pays. Loin de tromper la nation sur la détresse de ses finances, il voulut l’en instruire, afin que, se rendant compte de la difficulté d'y remédier, elle favorisât les efforts réparateurs qu'il tenterait lui-même. Avant lui, la caisse d'amortissement n’était qu'un auxiliaire du trésor publie; il rendit cette caisse À sa destination. Obligé, au mois de mars 1807, de contracter un emprunt de quarante millions de forins par suite des dépenses où l'avait entrainé la guerre, il convia en quelque soïte la nation à se faire juge elle-même de la nécessité de cet emprunt, lui donna les moyens d'en contrôler l'emploi et le remboursement, et, par ces preuves de franchise, obtint les capitaux dont il avait besoin (1). Personne ne doutait, autour de lui, qu'il ne fût vivement affecté des souffrances du pays, et qu'il ne luttât, pour les alléger, contre son frère et contre les événements. Ajournant à la paix générale l'exécution des projets qu'il méditait en faveur de la Hollande, il disait à ses ministres, comme aux membres du corps législatif : « Ces guerres perpétuelles auront nécessairement un terme; jusque-là vivons au jour le jour et unissonsnous pour supporter les épreuves, en gardant du mieux qu'il dépendra de nous les intérêts et l'honneur du pays (2). » Ce nom d'ordre de l'Union qu'il avait donné à l’ordre de Hollande, et la devise de cet ordre : Fais ce que dois, adeïenne que pourra (3), répondaient aux vrais sentiments du roi. On conçoit l'impression qu’une telle politique devait produire sur
(1) Pour tous ces détails, voy. Docum. histor., t. IT, p. 65-85.
(2) Docum. histor., t. IL, p. 63, 95 et passim. Cette idée se trouve maintes fois exprimée dans ses Mémoires.
(3) Louis à Napoléon, 24 août 1806, p. 25. — Docum. histor., t. II, p. 36. Louis avait laissé ce nom d'ordre de l’Union à l'ordre unique qu'il avait conservé.