Napoléon Ier et le Roi Louis : d'après les documents conservés aux archives nationales

XLIV NAPOLÉON I+ ET LE ROI LOUIS.

l'esprit d’un peuple qui s'attendait à de tout autres procédés ; aussi n’était-ce point un mensonge inspiré par la flatterie que proférait le président du corps législatif, lorsqu'il disait au roi, le 16 avril 1807 : « La manière franche et loyale dont V. M. se plaît à traiter et à diriger, sous les yeux de la nation entière, les affaires les plus importantes de l'État, ne peut que lui concilier le dévouement d’un peuple réputé par sa franchise et sa bonne foi (1). » Dans tous ses actes, Louis portait ces sentiments. Lorsqu’au mois de janvier 1807, la ville de Leyde se trouva abîmée par l'explosion d’un bateau chargé de poudre, Louis, adressant un appel au pays, ouvrit, dans tout le royaume, une souscription qui monta à plus d’un million de forins. Lui-même, en cette occasion, fit preuve d’une telle sollicitude que la population en fut touchée; et un jour que, parlant aux habitants de la petite ville d'Edam, il exprimait l'espoir qu'avec le temps les Hollandais oublieraient qu’il n’était pas né parmi eux : € Nous l'avons oublié depuis Leyde, » répondit un vieillard (2).

C'est sur cette façon de gouverner, qui s'éloignait si complétement de Za grande manière impériale, que Napoléon adressa à son frère la longue lettre dont nous avons parlé (3). « Vous gouvernez trop cette nation en.capucin, écrivait-il. La bonté d’un roi doit toujours être majestueuse et ne doit pas être celle d’un moine. Un prince, qui, la première année de son règne, passe pour être si bon, est un prince dont on se moque à la seconde. L'amour qu’inspirent les rois doit être un amour mâle, mêlé d’une respectueuse crainte et d’une grande opinion

() Docum. histor., t. II, p. 98.

(2) Pour les détails relatifs au désastre de Leyde, voy. Docum. histor., t. II p. 12-20; 28-82 ; 100.

(3) Napoléon à Louis, 4 avril 1807, p. 101-104.