Oeuvres diverses
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l’eussent pas entouré de leurs rangs épais, qu'ils ne lui eussent pas sacrifié pendant trois mois leur cœur, leur enthousiasme, leur misère! qu'ils connaissent aujourd’hui sa gratitude! C’est vous qui vous êtes ralliés aux royalistes, pour refouler la plèbe, pour la trahir et l’égorger ! Pourquoi souiller encore vos victimes. Rien ne vous désarmera donc! Ils vous apportent leurs votes, comme ils vous apportaient ie pouvoir, comme ils vous ont donné leur sang. Ils semblaient vouloir lasser à force de confiance, votre constance à les trahir et à les calomnier.
Du reste, nous .sommes du pays où les battus paient l'amende. On inaugure même devant certains pays une nouvelle défense : les assassins ne sont plus coupables, mais ces scélérates de victimes qui par perversité et noireeur d’âme se jettent sur les poignards de messieurs les assassins.
M. Garnier-Pagès ne loue pas seulement les assassins, il les conseille. Ainsi, il se donne beaucoup de mal pour leur recommander le calme et l’attente; mais n’ont-ils pas l’histoire ?
N'est-ce pas en bâtissant, sans se plaindre, les palais des Tarquins, et en offrant avec calme leur femmes et leurs filles à ses enfants, que les Romains conquirent ieur liberté! La République des Provinces-Unies ne s’est-elle pas constituée en livrant ses chefs à la friture sacrée et ses franchises aux Espagnols, par amour de la légalité ?
Les Etats d'Amérique sont devenus la grande nation d'aujourd'hui en payant l'impôt du thé et souscrivant avec dignité aux taxes et surtaxes imaginées par la métropole. Enfin, pour parler de nous, la France n'a-t-elle pas conquis la meilleure part de sa liberté par le respect des bastilles, des dimes et des privilèges ?
Toutes ces révoltes, ces désordres, ces criailleries sont ce qu'il y à de plus funeste à l’union. Quelle con-