Orateurs et tribuns 1789-1794
IV PRÉFACE,
l’histoire. Laissons les ambitieux peindre à fresque et emportons chez nous, pour les étudier, les médaillons et les émaux des personnages disparus. Petitot m'en apprend plus que Lebrun sur le siècle de Louis XIV.
Je rapprochais, tout à l'heure, l’orateur du comédien. Ne prétend-on point que Démosthène et Cicéron prenaient volontiers des leçons des grands comédiens de leur temps et n’a-t-on pas dit qu'avant de monter en chaire, plus d’un prédicateur du temps de Louis XIV allait écouter Baron, étudier sa diction et ses gestes? Je n’en sais rien. Je sais seulement que le contraire est tout à fait exact. Fréquemment le comédien va entendre l’orateur et s’en inspirer et très souvent aussi l'acteur tire de cette étude la conviction qu’il est moins comédien que le politicien.
Talma les avait connus, ces hommes dont vous nous parlez, et il a conté que c’est en écoutant les tribuns de la Révolution française qu'il s'était accoutumé à faire parler et agir comme eux les Romains par lui évoqués dans les tragédies classiques. — J'étais, disait-il, tout à fait surpris de voir ces orateurs qui, en parlant, jouaient leur tête, agiter les plus formidables questions, — les