Orateurs et tribuns 1789-1794
PRÉFACE. III
pour des étrangers. La politesse et la justice, si l’on écoutait les ardents de tous les partis, passeraient volontiers pour de la tiédeur. La modération semble un vice, comme le goût.
Vous avez à la fois du goût et de la modération, et je vous en remercie. Cela est d’un rare exemple aujourd’hui. Vous avez surtout l’art de faire revivre des personnages que vous connaissez bien. Ces orateurs que vous nous montrez tour à tour au coin du feu et à la tribune, vous les avez étudiés dans leurs discours d’apparat et dans leur existence quotidienne. Le geste « ce langage de l’instinct », le tic, le ton même de ces tribuns, vous les avez saisis, bien rendus. Le geste! Ce qui fait le discours, ce qui disparaît du discours, lorsque l'orateur ou le comédien est mort. /psa secüm gestus naturaliter fundit oratio, dit Cicéron, qui devait gesticuler avec art, mais très simplement. Tout cela, vous nous le montrez avec un agrément que je ne saurais trop louer. Et très naturellement aussi, ce qui est fort agréable, sans peser, sans rester, comme disait quelqu'un. Vous contez avec esprit et j'aime beaucoup les petits faits qui peignent et qui prouvent. On a trop médit de l’anecdote. L’anecdote, c’est la miniature de