Orateurs et tribuns 1789-1794

L'ESPRIT DES ORATEURS DE LA CONSTITUANTE. 5

soumise, M. Fox était malade et les communes, jalouses de ses lumières, ajournèrent unanimement leurs séances. »

On sait l'histoire du duelt avec Barnave qui fait penser à celui du comte d'Artois avec je duc, de Bourbon; tous deux poussent à l’extrème le sang-froid spirituel, la bonne grâce, parlent, agissent comme s'ils étaient les meiïlleurs amis du monde « C’est à vous qui avez été provoqué, à tirer le premier, dit Cazalès. — Il n’y à pas eu d’offense d'intention, répond Barnave, je le crois de votre part, je l'affirme de la mienne. Nous allons donc tirer au sort.» — Les premières balles échangées n'ayant amené aucun résulta ?, on rechargea les armes. Ces balles, selon l'usage, étaient entourées de rubans, pour les fixer plus exactement. « — Sommes-nous galants envers vous, monsieur, remarque Cazalès, c'est du tricolore ! »

Pendant cette opération, les deux adversaires se promènent amicalement, « En vérité, monsieur Barnave, je scrais au désespoir de vous tuer, car je per-

1. Les duels furent nombreux sous la Constituante et parfois eurent des causes bien futiles : ainsi un membre de la droite, La Bourdonnaye, après une querelle avec Charles de Lameth qui avait été arrangée, revint le trouver et lui dit : « J’en suis aux aux regrets, mais ces dames le veulent absolument. » Et il fallut se battre.

2. Nestor Roqueplan disait plus tard à propos d'un duel de parade : « deux balles ont été échangées sans possibilité de résultat; l’honneur est Mmécontent. »