Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
NATIONALE. 219
Les sections parurent s€ diviser sur une mesure qui oœuvrait fes hostilités : quelques-unes la désepprouvèrent ; d’autres montrèrent de hésitation. Celles qui étaient le plus animées voulurent entraîner les autres par leur exemple.
Le 11 vendémiaire, deux cents électeurs étaient rassemblés dans la salle même du Théâtre- Français. Le lieu de la scène était assez analogue au caractère de ia prétendue conspiration qui s'y tramait : tout y était plus dramatique que réel. Cette vaste enceinte, qui n'était point éclairée , donnait un appareil sombre et religieux aux nombreux sermens qui se prêtaient, de résister à la tyrannie ; les armes étincelaient dans l'obscurité ; elles retentissaient avec un inutile fracas. Quelques voix éloquentes se firent entendre ; l'enthousiasme s’accroissait , mais on neê proposait aucune mesure: Le tumulte et la confusion rendaient cette conférence d'une intolérable fatigue.
La convention ne s'était que faiblement émue de cette mesure ; elle avait rendu un décret qui ordonnait à l’assemblée électorale de se séparer sur-le-champ. La proclamation qui fut faite de ce décret sur la place du "Théâtre-Français fut interrompue par les insultes du peuple ; elle parut cependant faire quelque impression Sur plnsieurs des électeurs qui se retirèrent ; les autres comprirent combien devenait insignifiante une mesuré que n’approuvaient pas toutes les sections. Vers le milieu de la nuit, la salle était vide : un détachement envoyé par la convention s’en empara.
Après le mauvais succès de cette tentative, il ne restait
lus d'autre point de ralliement aux sections que celle de Lepelletier. Le danger devenait pressant. On songea enfin à se choisir quelques chefs mulitaires, et à former un comité d'exécution qui pourvüt à la défense générale.
La convention avait ordonné le désarmement de la: section Lepelletier. Le 12 vendémiaire, le général Menou reçut l’ordre de forcer ce siége de la rebellion. À: dix heures du soir, il s’en était approché avec un commissaire de la convention : il commandait une colonne assez forte , soutenue de plusieurs pièces d'artillerie. La section n'était plus gardée que par sept à huit cents hommes , sans canons et sans cavalerie. Cependant ils n’obéirent point à l’ordre de se retirer ; ils annoncèrent qu'ils se défendraient jusqu’à l'extrémité. Alors les soldats envisagèrent avée horreur la nécessité d'employer leurs armes contre leurs concitoyens. Les chances du combat étaient si inégales, qu’il offrait plutôt un massacre qu'une victoire. La nuit faisait encore craindre aux