Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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soldats toutes les suites déplorables d’une action engagée dans les rues de Paris ét dans les ténèbres. Un jeune Bomme, qui présidait alors la section menacée, vit l’émotion des troupes et la redoubla par un discours éloquent, où il retracait avec feu les regrets que laisserait au Vainqueur un combat nocturne. {l fut convenu » après quelques pourparlers entre les chefs > que l’on se retirerait de part et d’autre. La convention apprit avec colère cette capitulation ; les sections en triomphèrent. Le lendemain , à six heures du matin, le cri aux armes retentissait de toutes parts. Tous les bataillons étaient en mouvement : une disposition touchante et généreuse échauffait les ames ; c'était le vœu de se secourir. mutuellement. De cette multitude d’hommes armés, le plus grand nombre croyait n’agir que pour la défense commune » €t condamnait hantement le projet d'attaquer la convention. Sept ou huit heures se passèrent dans l’inaction et la plus complète incertitude. Les troupes sectionnaires prenaient leur poste au hasard ; elles s’étaient emparées de divers établissemens publics, et même de la trésorerie nationale 3 tout fut respecté. La convention avait borné sa ligne de défense aux passages qui mènent au palais des Tuileries : en outre , elle faisait occuper par quelques bataillons le Pont- National et le Pont - Neuf, Üne colonne de quatre ou cinq mille hommes, commandée par Lafond, l’un des chefs militaires qu'avait nommés la section Zepelletier, se présenta devant le Pont- Neuf, Le général Carteau se retira de ce poste, emmenant avec Jui son artillerie.

Vers deux heures de laprès-midi , Ja confusion était extrême. Le comité de la section Lepelletier insistait vivement pour une attaque ; il se plaignait de ce qu’elle avait été trop différée. On répandait que la convention n’attendait que la nuit et la lassitude de la garde nationale parisienne, pour ordonner un massacre ; que déjà elle avait appelé auprès de son enceinte un bataillon composé des anciens satellites de la terreur; que les soldats s’indignaient de ce qu'on les eût mélés à leurs rangs, et qu'ils ne teindraient point leurs armes du sang de concitoyens plus dignes d'eux. Ces discours allumaient un moment l’audace 6 mais bientôt on demandait comment il était possible d’attaquer sans canons la Convention, défendue de tous côtés par une artillerie imposante : Les armées de la Vendée, répondaient quelques chefs, surent bien s'emparer de l'artillerie de leurs ennemis.

Mais les Sonventionnels, de leur côté, étaient bien résolus