Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LE COMPLOT COIGNY-HYDE DE NEUVILLE. 41

Après avoir vécu caché pendant la Terreur, le chevalier de Coïgny, depuis le 9 thermidor, résidait à Paris, pensionné de l'État en sa qualité d'ancien maréchal de camp, en apparence soumis aux lois et assez répandu dans le monde pour avoir renoué des relations amicales avec Joséphine de Beauharnais devenue Mme Bonaparte, qu’il avait connue autrefois. Il frayait de même avec quelques-unes des autorités du jour, et, notamment, avec le général Morand, nommé récemment commandant de la Place de Paris. Ses relations, sa conduite, ou tout au moins ce qu’on en voyait, ne permettaient pas de le soupconner de conspirer. La police de Fouché, bien qu’elle n’ignorât pas qu'il correspondait parfois encore avec les émigrés de Londres, était bien loin de le croire capable de s’associer à leurs complots. Elle ne le confondait pas avec les innombrables suspects que la réaction thermidorienne avait ramenés à Paris, que le 18 fructidor en avait chassés, et qui, maintenant, recommencaient à s’y montrer.

Tout autre nous apparaît Hyde de Neuville. Quoiqu'il n'eùt alors que vingt-deux ans, son existence était déjà pleine d'émouvantes aven-