Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
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sentiers avec Creutzer, l’auteur de Za Symbolique, qui avait la foi de Proclus et de Plotin (1). »
Ensuite, pendant son séjour à Bruxelles, ses travaux sur Marnix de Saint-Aldesonde le mirent en rapport avec Groen van Printerer et le pasteur Panchaud (de Bruxelles); enfin, de sa résidence à Veytaux, il voisina avec les professeurs de Genève : Merle d'Aubigné, Ernest Naville, et fut mis par son jeune ami, F. Buisson, au courant du mouvement protestant libéral de Neuchâtel. Dans ses lettres à nos pasteurs, il marqua un vif intérêt pour la propagande évangélique. Voici ce qu’il écrivait au pasteur Panchaud, 19 mars 1855 (Lettres d'exil, p.204). « Je regrette profondément que, dans la crise où le monde est jeté, le Protestantisme n’ait pas fait plus d'efforts pour attirer à lui les esprits, que le despotisme catholique a blessés. 11 me semble qu'il aurait dû recueillir l'héritage de plus d'une Église morte. »
Nous n’ajouterons plus qu'un extrait d'une lettre, adressée à Ferdinand Buisson, le 5 mars 1869: « Il y a quinze ans, frappé du danger que le catholicisme fait courir à la raison et à la liberté, j'adjurais les peuples catholiques de sortir de l'Église romaine. Pour cela, toutes les voies me semblaient bonnes: la philosophie et le christianisme émancipé à tous ses degrés; tel était mon point de vue, il y à quinze ans, tel il est encore aujourd’hui. Vous, Monsieur, vous avez un avantage, vous discutez contre des hommes, avec qui vous avez, comme protestant, beaucoup de points communs. Vous êtes les uns et les autres sur le sol moderne. La liberté est entre vous, elle vous unit, au moment où vous êtes le plus divisés. Sur ce terrain commun, la discussion peut aboutir à quelque chose... Il y a surtout un passage qui m'a touché dans votre ouvrage... c’est celui où vous montrez si bien que le succès d’une polémique négative ne vous suffisait pas. Vous aspirez à fonder quelque chose dans les esprits et dans les cœurs. Oui, voilà la voie féconde; revenez sur ce point, frappez sur ce rocher : nous avons tous besoin d’eau vive (2)!
Ce n’est pas seulement dans ses lettres à des amis, mais encore dans ses ouvrages, qu'Edgar Quinet a rendu un témoignage éclatant à la Réformation et au Protestantisme français en parti-
(1) Esprit nouveau, p. 298. (2) Lettres d’exil, IV, p.69. 5 mars 4869.