Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903
— Al —
sement entre Renan, Michelet et Quinet, et de déclarer le premier très supérieur aux deux autres (1). Leurs génies sont plus divers qu'inégaux. Mais ce en quoi Quinet ne fut certes inférieur à aucun de ses contemporains, ce que par-dessus tout nous admirons en lui, c’est qu’il fut un des caractères les plus nobles, un des esprits les plus sincères, un des cœurs les plus généreux qu'on puisse rêver. En deux mots, il fut une conscience claire comme du cristal et inflexible comme l'acier. Plutôt que de transiger avec cette conscience, il aima mieux souffrir vingt années d'exil et, chose plus dure peut-être, subir les reproches et les attaques de ses coreligionnaires politiques. Un dernier trait le peindra tout entier. Comme, dans son cours de 1845, on lui reprochaïit de dire trop crûment la vérité et, par là, de perdre des alliés qui l’eussent suivi s'il l'avait viniée, Quinet répondit : « Soyons vrais avant tout, nous serons suffisamment habiles. S'il le faut, je préfère être seul ici avec ma conscience, que d’avoir toute la compagnie du monde avec moi, en portant au dedans un esprit divisé. »
Chercher la vérité avant tout et obéir à sa conscience quand même, n'est-ce pas le plus bel idéal moral qu’on puisse proposer à de futurs pasteurs?
(1) L’artiele sur Ernest Renan, dans la Raison, 2? septembre 1903,