Sénat : Session ordinaire de 1911 : Séance du mardi 28 mars

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Vous demanderez pourquoi les autres adversaires de Naundorff n’ont pas fait.

Lin ne déclare si, qui

M.de Lamarzelle.Et alors, que devient le pouvoir des tribunaux ? Naturellement, ils sont incompétents en. “présence d’une décision. que le rapport dé-. clare avoir le caractère législatif. : . Vous pouvez lire dans le rapport, page 51,

p ant en: historien des plusere dans les Débats « M,G. façon la plus irréfragab id Naundorf qui se prétendait Louis XV avec un Benjamin Karl Werg, né le 3 mai: 1777 à Halle. Or, le dauphin, vous le savez. est né à Versailles-en 1785. Par-conséquent,| la preuve est faite et définitivement faite| contre les Naundorff.

Maïs comment M. G. M. établit-il: cette preuve? Il s'est livré pour cela à un travail ‘extraordinaire de patience et d'habileté;tra-| vail mené d'après la méthode si sûre de! l'école des-chartes, d'après le système des! contre-épreuves, des « recoupes ».

Pour la démonstration de la vérité il est. admis que deux suffisent. M. M.-G.-M. en, apporte dix! Sadémonstration, véritable chefs d'œuvre dans le genre, est mathématique: mais il y arrive en produisant douze actes! parfaitement concerdants entre eux

Le seul procédé que les Naundorff aient 4! leur disposition pour retarder leur défaite définitive est de nier l'authenticité de ceg actes, car ils ont.été dressés à l'étranger. Dans votre enquête il vous faudra donc encore vous adresser au ministre des affaires étrangères qui agira par la voie diplomatique pour obtenir tous les renseignements susceptibles de vous éclairer.

Tout cela, bien entendu, vous demandera du temps, beaucoup de temps; mais le Sénat à démontré, particulièrement cette année, qu'il en avait beaucoup de reste. (Sourires.).Je Sais bien que nous avons la budget qui nous viendra, je l'espère, un certain jour, le budget qui, luiaussi, a assu-

comme M. Ernest Daudet-et ne se sont pas présentés pour être entendus par la commission ? |

Pour une raison bien simple. Vous n'avez qu’à lire le rapport et vous verrez quel accueil a été fait à M. Ernest Daudet, qui est pourtant un écrivain très autorisé.

. M. Lenôtre, l’auteur de ces articles parus dans le Temps, articles si clairs, si nets, si probants, et comme toujours d’un si poignant intérêt, M. Lenôtre a constaté que M. Ernest Daudet «a été traité dans le document officiel plus sévèrement que s’il était personnellement responsable des infortunes du dauphin. Le cordonnier Simon luimême est plus ménagé », et le rapport constate exactement ce qui s’est passé dans la commission,

Vous comprenez qu'après cet accueil fait à M. Ernest Daudet, les autres historiens adversaires des Naundorff n’ont pass été tentés de subir le même sort.

Il m'est permis de dire assurément que te rapport dénote une passion qu'excuse une ardente conviction, mais qui exclut toute impartialité. C’est un plaidoyer doublé d'un réquisitoire; mais un rapport, non. .

Il vous faudra donc faire une véritable enquête, et pour la faire comme je l'ai dit, loyale, impartiale et complète, comment devrons-nous procéder? Il faudra d'abord appeler ici tous ceux qui fouillent avec tant d'acharnement l'histoire de la Révolution et qui ont combattu la thèse Naundorff, entre autres MM. Gustave Bord, Lenôtre, Aulard, Laurencie, le signataire des articles des Débats, dont je dirai un mot tout à l'heure, Gautheret, Masson, Caron, Robiquet, Tourneur, le vicomte deReiset, Claretie, Montorgueil et bien d’autres encore.

De l'autre côté — ïl faut l'impartialité complète — je serai le premier à demander qu'on appelle tous les partisans de la thèse Naundorff, qui sont cités à la page 214 du rapport; et si l'honorable rapporteur peut trouver, — ce à quoi il n’a pu encore arriver jusqu'ici, — un seul professeur d'histoire favorable aux prétentions des Naundorff, qu'il l'amène ici; je lui promets d'avance de ne récuser aucun de ses témoins. L'autre jour, on s’est mis à rire lorsque notre collègue mon excelleñt ami M. Delahaye, est venu, avec son esprit et son humour habituels, nous parler du fameux portrait où Louis XVII n’a pas du tout le nez bourbonnien qu'a toujours revendiqué Naundorff. On s'est mis à rire, mais dans l'espèce, il s'agit 1à d’une constatation qui a son importance. Il faudra demander qu'on nous apporte ici les portraits; il faudra vérifier leur authenticité et, pour cela, mapder à nue barre des experts. (Mouvements divers. Mais ce n’est pas tout. Les partisans de Naundorff — cect est dans le rapport — prétendent que celui-ci a confié des pièces notamment une lettre de Marie-Antoinette — qui, à elles seules, démontreraient qu'il était vraiment fils de Louis XVI, pièces qu'il. avait cousues dans le col de sa redingote et qu’il aurait données à une personne, laquelle les aurait remises au roi de Prusse. Il faudra s'adresser au ministre des affaires étrangères, lequel, par voie diplomatique, s'adressera au directeur des archives de Berlin et, ainsi que le fait remarquer M. Lenôtre :

« Nul doute que, sur le désir de la haute assemblée, le directeur des archives de Ber-

in fine:

« Si les tribunaux étaient compétents en.

R matière, ils auraient qualité pour légi-

férer et un pareil état comporterait un

É contresens, puisque le seul rôle des tribu* paux est d'appliquer la loi.

« Ceux-ci 4 tribunaux) devront se soumettre aux décisions de la haute Assemblée sans disposer d'aucun pouvoir de contrôle, »

: (Réclamations sur divers bancs.)

M. de Goulaiïine. Il n'y a même plus besoin de la Chambre des députés.

M. do Lamarzelle. Vous avez parfaite-

S ment raison : ce sera une loi votée par

le Sénat seul, et les tribunaux n’aurontqu'à

s'incliner. En conséquence, l'instante pen-

dante devant la cour d'appel tombera;

c’est une loi que nous rendrons, et, natu-

: rellement, comme les tribunaux soumis à

toutes les lois, n'ont qu’à les appliquer, la

cour de Paris n'aurait qu'à prendre acte de votre décision.

M. Dominique Delahaye. Pour nous ramener un roi, ce n'estpas de trop! (Rires.)

M. de Lamarzells. Telle est la thèse juridique du rapport. Vous aurez à choisir entre elle.et celle de l'incompétence. Je ne veux pas vous dire, pour mon compte, celle qu'il vout faut préférer. Je m'efforce en ce momener de supprimer en moi le jurisconsuite... M. Flaissières. Et le royaliste ?

M. lo marquis de Carné. Est-ce qu’on n’a plus le droit d'être royaliste?

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sait que la discussion du budget au Sénat, depuis quelques années, dure seulement huit ou dix jours ! Ce ne sera donc là qu'un court entr'acte qui coupera fort agréablement, sans doute, la grande pièce dont on vous demande la représentation. ( Vifs applaudissements à droite. — L'orateuren regagnant sa place, reçoil les félicitations de ses amis.)

M. le président. MM. Lebreton et Jénouvrier étaient inscrits pour prendre la parole, mais ils ne sont pas présents.

La parole est à M. Bérard.

M. Alexandre Bérard. Messieurs, notre honorable collègue M. Boissy d'Anglas a! présenté, sur la question Naundorff, un: rapport fort intéressant. Il faut, à notre col:: lègue, rendre justice parce que, avec une, très grande générosité, avecun grand cœur, il s'est dévoué à une cause qu'il a cru être: celle de la justice.

Mais ce qu'il nous soumet, en somme, | c'est un débat sur une curiosité historique. ;

Or, un certain nombre de mes collègues: et moi estimons qu'une Assemblée législas tive de la République n’a pas à examiner les parchemins royaux ou prétendusrtels.

Si nous étions en monarchie, nous aurions certes à discuter le point de savoir quel est l'héritier légitime du trône renversé en 1792, et nous pourrions discuter la question de savoir si Naundorff est où non le fils de Louis XVI, car c'est ce que l’on vous propose d'examiner. |

Mais nous sommes en République. La‘ République, sur notre sol de France, a défi= nitivement balayé la monarchie...

M. de Lamarzelle. J'allais, en effet, ajouter : le royaliste] Tous mes collègues, d'ailleurs, savent que je le suis, car je l'ai déclaré bien des fois : je suis de ceux qui ne cachent pas leurs convictions, vous ne l'ignorez pas. (Très bien{ très bien!)

Si donc je plaidais ici — pardon de cette expression qui rappelle mon ancienne pro-

fession — la cause juridique, vous me trouveriez peut-être un peu suspect; aussi, j'entends la laisser de côté et j'ajoute qu'il ne me déplairait pas de voir, une bonne doi, dans cette haute Assemblée, accorder + Le une discussion au fond, à la question aundorf, un enterrement pompeux et so-

Jlennnel! (Sourires.)

Mais, si vous rejetez l'incompétence, si le débat doit avoir lieu ici au fond, je demande instamment qu'il soit loyal, impartial.et pour cela complet,

| Pour qu'il remplisse ces conditions, que Le devez vous faire? Je vais vous le dire en = deux mots. Nous accomplirons. ici l'œuvre d’une commission. historique. (Adkésion.) Or, celte Assemblée ne renferme pas beaucoup d'historiens de métier; nous serons donc obligés, faisant œuvre de tribunal, de procéder comme les tribunaux. Nous serons obligés, pour être éclairés, de faire HAT aux. lumières d'autrui. Nous serons forcés defaire une enquête approfondie.

Peut-être objectera-t-on que cette en“quête est faite.

La commission -nous dit, en effet, dans #on rapport qu'elle a joué déjà la commission d'enquête historique. Je me permettrai

À derépondre que je manque de confiance ; dans cette enquête. Je- ne suspecte pas la

M, Dominique Delahaye..Non pas balayée, mais guillotinée!

M. Alexandre Bérard. ... et elle n'a pas!

rément quelque importance ; mais chacun