Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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Les pages que M. de Laveleye à consacrées au grand évêque, ont toujours leur intérêt, et je les recommande bien volontiers. Elles peuvent être complétées par les détails que j'ai donnés dans les ouvrages auxquels je faisais allusion tout à l’heure.

Diakovo, dont Mgr Strossmayer fut nommé évêque en 1849, était à cette époque une assez misérable bourgade de la Slavonie. C’est encore aujourd’hui une fort modeste ville de province qui tire toutson lustre de la renommé du prélat, par lequel elle fut habitée pendant plus d’un demi-siècle, et de la cathédrale qu’il y a érigée. L’évêché en revanche possédait de grands domaines ; mais ils étaient mal exploités et, en prenant possession du diocèse, le nouveau titulaire ne trouva comme actif qu'un reliquat de trois cents francs. Grâce à une sage et intelligente administration, Mgr Strossmayer a laissé en mourant un capital de trois millions et demi.

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Nous avons vu plus haut comment, naguère à Pesth, le futur prélat, sous l'influence de Kollar, s'était intéressé à la renaissance littéraire des peuples slaves et à leur solidarité intellectuelle. L’un des principaux foyers de cette renaissance était depuis quelques années la capitale de la Croatie, Agram, que les indigènes appellent en leur langue Zagreb. On désignait alors sous le nom d'’illyrisme le mouvement qui tendait à rapprocher le dialecte croate du dialecte serbe, à constituer une langue littéraire unique pour les peuples qui habitent les deux rives de la Save.

En 1837, une société de lecture avaitété établie à Agram. Louis Gaj publiait des journaux à tendance illyrienne qui trouvaient de l’écho jusqu’au fond des campagnes : une s0ciété d'éditions, une Matica' illyrienne se fondait en 1842

1. Le mot veut dire proprement Reine des Abeilles. La meilleure traduction de ce mot serait la ruche,