Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

L'ANCIEN DROIT BULGARE 169

d’abord enchaîné et interrogé, et s’il est démontré qu'il a calomnié, qu'il Soit mis à mort.

2. Il est interdit de donner de ia nourriture à un voleur; les biens des contrevenants seront confisqués.

3. Le voleur aura les jambes brisées.

h. Il est ordonné d’arracher toutes les vignes (évidemment pour enrayer les progrès de l'ivrognerie).

5. Au mendiant il ne suffit pas de donner, mais il faut lui donner suivant ses besoins. Celui qui ne procède pas ainsi, ses biens seront confisqués.

Ces textes si courts sont accompagnés d’un commentaire qui n’occupe pas moins de 22 pages. Il est vrai que, chez quelques-uns des prédécesseurs de M. Bobtchev, ils avaient donné lieu aux fantaisies les plus extravagantes.

IT. Responsa papæ Nicolai ad consulta Bulgarorum. Tous ceux qui se sont occupés des origines du christianisme chez les Slaves connaissent ce célèbre document. Sous le règne de Boris (852-899), les Bulgares s'étaient convertis au christianisme. Boris avait été baptisé par un évêque grec, mais la rupture ne s'était pas encore produite entre Rome et Byzance, et l'autorité morale du pape restait considérable dans la péninsule balkanique. Les Bulgares, fort embarrassés pour concilier leurs devoirs de néophytesavec leurs traditions païennes, envoyèrent à Rome deux évêques pour demander au pape une consultation tout ensemble morale et juridique.

Les réponses pontificales ‘ nous apprennent — ce qui n’a pas lieu de nous étonner — que les lois ou les coutumes pénales des Bulgares étaient encore très cruelles; elles comportaient, à tout propos, la mort, la mutilation, la torture. Certaines questions sont d'une naïveté enfantine. Les envoyés demandaient au pape de leur fournir une législation laïque et le pape répondait qu'il enverrait volontiers les lois nécessaires, s’il était assuré qu'il y eût dans leur pays des

1. Ces responsa ont été publiés dans Hardouin, Acta Conciliorum, tome V, et dans la collection Mansi, tome XV. Il est regrettable que M. Bobtchev ne les ait pas réimprimés dans son volume.