Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

SOUVENIRS DE RUSSIE 3)

dans la Tamise et 32 vaisseaux de ligne sont prêts à venir nous imposer la loi de laisser la Turquie en repos; mais, malgré cela, on est ici d'une tranquillité imperturbable. La grande dame avait déclaré qu'elle ne répondrait à aucune proposition avant l’arrivée du prince (Potemkin), qui, sans se déranger le moins du monde, se proposait tous les jours de partir de Jassy et n'en partait point. Enfin, il arrive ici et aura sûrement déjà décidé la question. »

Le 28 : « Il y a toute apparence qu'on veut forcer la Russie à faire la paix avec les Turcs, et que nous allons être attaqués par mer et par terre.

« Avant-hier, un courrier apporta la nouvelle que le général prince serge Galitzin avait pris une ville où il y avait deux pachas à trois queues et beaucoup de canons et de munitions. L’ascendant des Russes sur les Tures se fait sentir en toutes occasions, car le général Souvaroff et le général Demidoff sont encore ici. Nous lisons dans toutes les gazettes les noms imposants des vaisseaux qu'on enverra contre nous : la Victoire, le Terrible, ete., ete. Nous ne mettons pas les noms des nôtres, mais ils seront prêts à les recevoir. Les ministres d'Angleterre et de Prusse ont déjà tout préparé pour leur départ et n'attendent plus qu'une dernière réponse. On veut donner à l'Impératrice le temps de changer de sentiments, mais, Jusqu'à présent, il paraît que ses sentiments sont invariables. »

Rentré à Saint-Pétersbourg, Potemkin, au comble des honneurs et enivré par ses victoires sur les Turcs, voulut donner essor à sa Joie par un bal dans lequel il déploya un luxe inouï, Naturellement, l’Impératrice honora ce bal de sa présence. À minuit, elle se retira en disant au prince : « Je crois qu'il est temps pour moi de plier bagage. », propos qui ne manqua pas d’être relevé par les courtisans et que M'e L. consigne dans son journal. Ce qui est plus important, c'est ce qu’elle raconte à la date du 26 mai :

« M. Fawkenum/{(?), ministre britannique extraordinaire, vient d'arriver ici avec de nouvelles propositions conciliatoires : aussi nous saurons dans peu notre sort. Dans le publie, on regarde déjà la paix comme assurée et on s’en réjouit. »

9 juillet : « La question que nous aurons la paix ou la guerre reste encore indécise ; il y a cependant des apparences que les affaires vont se terminer en douceur. »

M'° L. fait ici allusion à des pourparlers entrepris à Foksani et