Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

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continués à Jassy, mais sans résultat. La guerre continua donc sous le commandement de Repnin qui avait remplacé Potemkin.

24 juillet : « Nous battons toujours les Tures. Le prince Repnin vient de remporter un avantage considérable sur eux, où 5 où 6.000 hommes sont restés sur la place, leur commandant prisonnier et leur camp pris ainsi que 40 canons et quantité de drapeaux. Le lendemain, un autre courrier a apporté la nouvelle que toute la Géorgie s'était soumise aux armées de Sa Majesté. En conséquence de cela, l'Impératrice a été dimanche en ville pour chanter le Te Deum et tout le monde a partagé sa satisfaction. »

2 août : « Il y a apparence que cétte campagne fermera les portes du temple de Janus. On dit que la Russie est d'accord avec l’Angleterre et la Prusse. Un courrier est parti pour Constantinople avec les propositions déjà arrangées. On donne quatre mois aux Turcs pour les décider. S'ils refusent, ils auront encore à faire à nous et, pour lors, personne ne les défendra ; aussi il n'y a guère d'apparence que leur réponse soit négative. »

25 : « Un courrier du prince Repnin apporte la nouvelle intéressante que la paix est arrêtée avec les Tures et qu'il ne faut plus que la ratification de l'Impératrice. »

Sur ces entrefaites, le comte Czernichelf, qui avait déjà souffert dans son voyage en Crimée avec l'Impératrice, ayant été frappé de paralysie à Saint-Pétersbourg, demanda à sa souveraine un congé dans l'intention de faire un long séjour dans les contrées du Midi. L'Impératrice le lui accorda en accompagnant son autorisation de paroles très gracieuses !. L'absence du comte devait être fort longue, se prolonger durant plusieurs années. M'e L. partit donc en octobre 1791 de Pétersbourg avec la famille Czernicheff, et c'est en voyage ou à l'étranger qu’elle apprit la suite des événements que nous venons de rappeler.

Potemkin, jaloux, paraît-il, du succès de Repnin, était retourné sur le théâtre de la guerre. À Motzim, en Bulgarie, il avait remporté une nouvelle victoire, et il n’était pas d'avis de conclure la paix. Pour empêcher la signature du traité, il s'était même rendu à

1. Le comte connaissait l'Impératrice depuis l'âge de 15 ans. Elle était alors, ainsi que lui, à Berlin pour son éducation, et cette amitié, consacrée par le temps; se soutint Loujours plus ou moins. Catherine n'aurait eu aucune raison de retirer au comte sa faveur, car il lui était sincèrement attaché.