Souvenirs de Russie 1783-1798 : extraits de journal de Mme Leinhardt

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et toute la Lithuanie à la Russie !. Le roi Stanislas, qui avait reçu l’ordre d'abdiquer, recevait 250.000 ducats de pension. Il avait la liberté d'aller vivre où il voudrait. Le 6 mars 1797, il arrivait à Saint-Pétersbourg et il était logé au palais de marbre, où l’empereur Paul I® l'avait reçu et lui avait lui-même présenté toute sa famille. M'e L. dit que le roi était toujours très aimable. Il devait aussi se rendre à Moscou pour le couronnement de l'empereur, ce quidevait lui paraître très naturel, puisqu'il n’était plus qu'un sujet de la Russie. Un peu moins d’une année plus tard, en février 1798, il terminait sa carrière terrestre par une attaque d'apoplexie. En racontant cette mort, M'e L. ajoute : « Il sera exposé pendant trois semaines ; puis on lui fera de magnifiques funérailles? On dit qu'il était très malheureux malgré qu'il ne manquât de rien, et que tous ses désirs le portaient à se rendre en Italie pour y finir ses jours. »

VIL

LA MORT DE CATHERINE II ET LES DÉBUTS DU RÈGNE DE PAUL 1%

Il y avait cinq ans que la famille Czernicheff avait quitté SaintPétersbourg, lorsqu'elle y rentra en novembre 1796. La comtesse était morte de la fièvre à Rome, le 22 août 1794, et le comte, dont la santé ne s'était pas raffermie, allait mourir lui-même, le 26 février 1797. Durant cette longue absence, les grands événements dont nous avons fait mention s'étaient accomplis en Russie et en Europe en général. Le comte eut la douleur de voir mourir l’Impératrice dont il avait été l’un des plus fidèles serviteurs et des ministres les plus capables. C'était en novembre 1796, et voici ce que nous lisons dans le Journal de Mie Lienhardt à la date du 19 de ce mois : « Notre retour dans cette ville a été marqué par un événement qui peut changer les affaires politiques de l’Europe. Catherine ITn'existe plus et Paul Petrowitch est empereur de toutes les Russies. Cette mort est arrivée comme un coup de foudre, car mercredi matin

1. Pour consoler les Polonais de leur nouvelle situation, l'Impératrice leur donna de fort jolis uniformes pour le civil « ce qui fit plaisir à plusieurs jeunes Polonais » (MEL).

2, Le jour de sa mort l'empereur lui-même plaça la couronne sur sa tête,