Trois amies de Chateaubriand

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8 TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND

efficacité, c’est en vertu de la coïncidence qui fit que

nombre de ses contemporains étaient dans la même disposition d’esprit que lui-même.

Et voyons-le dans son activité politique. Elle est caractérisée pareillement. Un mot la résume : fidélité. C’est la noblesse du rôle qu'il a eu dans l'État. Mais enfin, tandis que, par point d'honneur, il était admirablement fidèle à une cause qu’il n’aimait point, cette fidélité ornait son personnage : elle n'avait pas d'utilité objective pour ce pays. Même, elle pouvait nuire à ce pays, dont il était l'un des beaux chefs. Il s’est occupé de son personnage, non de la chose à laquelle son personnage devait être dévoué : ce pays. Un véritable homme d’État est l'homme d’affaires d’une nation; Chateaubriand fut un artiste, et l'artiste de cette excellente œuvre d’art : lui-même.

C’est toujours à lui-même que nous aboutissons; et c’est à son individualisme que nous sommes amenés. C’est, en effet, l’individualisme littéraire qu’il a réalisé comme avant lui on ne l'avait pas fait, qu’il a autorisé de son génie et qu'il a ensuite, plus peutêtre qu’il ne le voulait, répandu dans la gent littéraire, à profusion.

L'inventeur, c’est Jean-Jacques Rousseau; l’inventeur de ce cynisme littéraire qu’on peut ainsi désigner : l'acceptation de soi, très volontiers.

Toutes ses turpitudes, un Jean-Jacques Rousseau les accepte sans difficulté ni vergogne, dès le moment qu’elles sont devenues pour lui une matière litté-