Trois amies de Chateaubriand

TROIS AMIES DE CHATEAUBRIAND 9

raire. Ce qu'il y à de plus significatif, ici, ce n’est pas la prédilection de soi qu'un tel travers suppose, mais la dignité, la qualité particulière, leffieacité ennoblissante qu’on attribue à la littérature, ah! pourquoi?

Voilà ce qu'a trouvé Rousseau, avant Chateaubriand. Mais ecla, pour passer de Rousseau à Chateaubriand, doit changer de caractère, parce que Chateaubriand, lui, a des exigences et comme des impatiences d'honneur qu'un Rousseau n’a jamais connues. De là résultent les différences qui séparent l'auteur des Confessions et l’auteur des Mémoires d’outre-tombe. L'un avilrait volontiers son image, l’autre embellit résolument la sienne. Mais chacun d'eux a l'admiration de soi. Et, si Rousseau est, dans ses Confessions, plus sincère que Chateaubriand ne l'est dans ses Mémoires d’outre-tombe, Chateaubriand, lui, c’est dans tous ses livres qu’il apparaît, c’est tous ses livres qu’il a consacrés à lui-même avec une infinie complaisance,

En somme, de Chateaubriand date, en notre pays, la littérature personnelle ou, si l’on préfère ce mot, lyrique. Il eut pour postérité directe les romantiques, ces chantres exaltés d'eux-mêmes, de leur plaisir, de leur mélancolie et de leur désespoir, ces orands lyriques sans retenue qui ont dédié leur poésie à leurs amours, à leurs faiblesses, à toutes leurs passions magnifiques ou déplorables. Ce qui dérive de Chateaubriand, c’est, par exemple, les Méditations de Lamartine qui sont, en vers néglisés