Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 275
LA ROCHEFOUCAULD (1803-1804). 275:
Paris, qu'on soupconnait, n’eurent aucun résultat (1).
De ces données erronées et confuses Bonaparte tirait les conséquences les plus malveillantes pour son ancien prisonnier. Il avait été irrité de voir en lui le seul membre. marquant de la Constituante réfractaire à la loi d’amnistie; s'il eût reçu sa soumission, disaitil, il l’eût employé dans la diplomatie à Vienne, en Suisse ou à Constantinople. De plus, à la fin de 1803, le Premier Consul sentait se nouer autour de lui le réseau de complots royalistes destiné à lui fermer le chemin de l’empire, et il voulait atteindre ses ennemis jusque dans les capitales étrangères. L'homme qui pourchassait Drake et Spencer Smith à Munich, du Vernègues à Rome, et qui allait faire enlever Rumbolt à Hambourg, croyait rètrouver ailleurs l’action ou la trace de d’Antraigues. Ainsi, à la nouvelle d’une certaine fermentation en Vendée : « Vous verrez, disait-il à Talleyrand, que d’Antraigues y aura envoyé quelqu'un d’Angleterre. » Faute de preuves, il en était réduit à lui attribuer, sur la foi de correspondances saisies en Hanovre, certaines publications antifrançaises de Londres, entre autres un soidisant Discours du Premier Consul au Conseil d’État inséré dans le Courrier de Londres et reproduit comme une pièce authentique par la Gazette de la cour de Pétersbourg (2).
Talleyrand, invariablement docile à son nouveau maître, même en pensée, attribuait à son ancien ami toute page énergique imprimée en Europe contre Bonaparte : « Si la paix dure, disait-il, la Russie doit chasser
(4) A. N., F7, 6371, 6416, 6442. — À. F., Saxe, Correspondance, 25 juillet et 5 septembre 1803, 13 mai 1804.
(2) Journal de Paris, 20 vendémiaire an XII (13 octobre 1803).