Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 281

LA ROCHEFOUCAULD (1803-1804). 281

Saxe unirent leurs efforts à Pétersbourg, et Khanikov, sur l'insistance de la cour de Dresde, en écrivit de son côté. Czartoryski prenait alors en main la direction effective des affaires, et il entrait dans ses vues d'accentuer le mauvais vouloir envers Bonaparte, même dans des questions secondaires. Sa réponse était toute prête : d’Antraigues avait été récompensé uniquement pour services rendus à l'instruction publique; d’ailleurs une entente à son égard eût été bien facile, si la question se fût débatiue en audience privée, entre l'empereur et Hédouville, et n’eût pas été soulevée à l’improviste, avec éclat, entre le Premier Consul et Markov (1).

Cette explication n'ayant pas été donnée officiellement et un peu publiquement, Bonaparte fut blessé dans son amour-propre, et d'autant plus vivement qu'il était sous le coup de l'irritation produite en lui par la conspiration Georges-Pichegru-Moreau. Il s'imagina, sur je ne sais quels indices, que d’Antraigues, au nom de Louis XVIII, avait introduit Pichegru dans le complot de Georges. Joséphine disait naïvement : « Si d’Antraigues à été mis au courant de la conjuration, il devait nous la révéler, puisqu'il est né Français. » Bonaparte fit rechercher à la secrétairerie d'État les pièces propres à témoigner contre son adversaire ressuscité, et sur la principale, la conversation de Venise, il essaya d'obtenir de Fauche-Borel, prisonnier au Temple, des aveux compromettants pour l'auteur (2); puis, à l'improviste, à la réception diplomatique du 1% février 1804, il interpella derechef Bunau. D'Oubril, le chargé d’affaires quiremplacçait Markov,

(1) Talleyrand à Hédouville, 14 décembre 1803, — Hédouville à Talleyrand, 9 janvier et 7 février 180%. (À. E., Russie, Correspondance.) (2) Faucue-Borez, Mémoires, t. NI, p 89.

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