Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 282
282 CHAPITRE SEPTIÈME.
était présent et subit en silence, par contre-coup, l'algarade : « Eh bien! s'écria Bonaparte, promettez-vous de vous débarrasser de ce d'Antraigues? Vous voyez les suites de l'impunité qui lui est accordée, des complots, des assassinats! — Nous avons fait l'impossible : l’électeur a fait demander en Russie son rappel. — L'empereur de Russie peut garder cet émigré dans ses États, s’il le veut, mais moi, j'invoque le traité de Lunéville, et j'exige que l'électeur fasse sortir cet homme de Dresde. » Et se tournant vers le ministre de Bavière : « C’est comme M. Drake à Munich, qui n’y est que pour tramer des complots. Je me réserve de demander son renvoi, avec preuves authentiques de ses intrigues (1). »
Cet essai d'intimidation ne pouvait guère réussir, le cabinet de Dresde, malgré les instances réilérées et impérieuses de La Rochefoucauld, s’abritant derrière la Russie, et celle-ci derrière le droit des gens. Czartoryski pensait la dignité de son maitre engagée désormais à ne rien céder, et l'empereur refusa une audience à Hédouville, qui avait ordre d’invoquer son intervention personnelle dans l'affaire. La rupture des relations diplomatiques survenue peu de temps après entre la France et la Russie épargna au Premier Consul de nouvelles réclamations, à Alexandre un nouveau refus, et d’Antraigues put demeurer à Dresde, se demandant toutefois, et chaque jour, si quelque embûche nouvelle n'allait pas s'ouvrir sous ses pieds à l’improviste, dans ces ténèbres où il continuait à travailler contre la politique française.
À ce moment, en effet, Fouché proposait au Premier Consul d'user contre cet adversaire impuni du procédé naguère employé contre Rumbolt : enlèvement des par
(1) Oubril à Woronzov, 15/27 février. (A. 17)