Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 283
LA ROCHEFOUCAULD (1803-1804). 283
piers, enlèvement de la personne. Un officier de l'armée de Hanovre fut expédié sous un déguisement à Dresde, et y demeura trois jours; il se nommait Sagot, et avait justement commandé la place de Milan en 1797. Il s’assura que l'enlèvement des papiers était impossible, d’Antraigues logeant au milieu de la ville, dans une maison en vue, et ayant des armes chez lui ; que l'enlèvement de la personne n’était guère plus praticable, à cause du passage forcé sur le territoire prussien ; qu’en cas de guerre avec la Prusse et la Russie on pourrait, avec de la hardiesse et de la célérité, y parvenir. Fouché n’était point arrêté par cette pensée qu'un semblable attentat pouvait hâter la rupture de la paix : on aurait fusillé le prisonnier, disait-il, et on ne fait pas la querre pour un corps mort (1).
En définitive, ce projet fut abandonné, et on se contenta de déchaïîner contre d’Antraigues un pamphlétaire, ce Montgaillard dont il avait été la dupe et peut-être le complice. Montgaillard, alors à la solde de la police consulaire, publia ses Mémoires secrets ; il y dénoncait, sans rien cacher de ses trahisons successives, les agents des princes français et de l'Angleterre, et ses pages les plus vives visaient d'Antraigues et leurs relations en Italie, sept ans auparavant. Un duel de plume allait s'engager entre le premier auteur et le rédacteur de la fameuse conversation sur Pichegru, mais la partie n’était pas égale. D’Antraigues piqué au vif laissa entendre qu'il répliquerait en publiant les lettres où Montgaillard lui avait jadis raconté ses pourparlers avec Bonaparte : « Si ces lettres paraissent, se serait alors écrié le Premier Consul, d’Antraigues disparaîtra, de quelque manière qu’on doive
(1) L’amie à d'Antraigues, 18 octobre 180%.