Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 284
284 CHAPITRE SEPTIÈME
s’y prendre, en quelque lieu qu'il soit, et en attendant sa mère, qui est en France, répondra pour ce fait seul de sa conduite. » Ces menaces arrétèrent toute réplique ; celui qui en était l’objet protesta in pelto près de Czartoryski (1), et continua à épancher dans des correspondances privées, plus actives que jamais, ses ressentiments et ses haines.
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VIE LITTÉRAIRE.
En se voyant poursuivi avec une telle ténacité par Bonaparte, d'Antraigues pouvait toujours croire à son importance. Ses relations, aux deux bouts de l’Europe, demeuraient élevées et étendues ; et ceux même qui n’estimaient pas son caractère redoutaient en lui une agence concentrée en un seul homme, habile à attirer les renseignements de toutes parts et à les répandre ensuite, souvent au profit d’un intérêt personnel à leur possesseur, parfois aussi au détriment de la vérité.
En Russie, l'opinion à son endroit demeurait en somme flottante, plutôt même, à la suite de Razoumowsky et de Kotchoubey, ouvertement hostile (2). Sa double correspondance à Paris et à Vienne soutenait seule son crédit auprès du jeune ami d'Alexandre, sans accroître sa considération ni améliorer sa fortune. A Dresde, il était pour tous ceux qui l’approchaient, Russes ou Saxons, un étranger. Les Russes le craignaient comme une puissance
(1) D'Antraigues à Czartoryski, 12 juillet 180%. (A. P.) (2) Mohrenheim à d’Antraigues, 8/20 février 1806.