Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 289
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diques ». Elle sera surveillée par le ministre de l’instruction publique et son conseil, celui-ci chargé en outre de la censure des livres.
Dans ce mémoire, d'Antraigues, tout en parlant en Vieux-Russe, était, sans le savoir, un précurseur de Napoléon [*; car il indiquait comme les plus sûres les bases qu’allait choisir pour son œuvre le créateur de l'« Université de France ». Notre gouvernement, lui écrivait sa mère, pourrait puiser dans votre plan; elle ne croyait pas si bien dire. Le ministère russe de l'instruction publique se conforma à ses idées en commencant son œuvre scolaire par l'organisation du haut enseignement; mais là il s’en tint à la tradition qu'avait inaugurée la création, à l'allemande, de l'Université de Moscou en 1755.
D'Antraigues était très fier de son œuvre; il la communiqua en Autriche, en Angleterre, l'adressa même à sa mère, comme un titre à de prochaines et hautes faveurs : il en vint, sinon à croire, au moins à dire qu'il était en Russie « à la tête des Universités (1) ». En réalité, il s'occupa seulement de leur recruter des professeurs, et encore ses soins à cet égard se bornèrent-ils à l'Université de Vilna. Il eût voulu y voir Jean de Müller enseiguer l’histoire, et Frédéric de Gentz l’économie politique; il y plaça du moins pour la médecine le Viennois Frank et le Saxon Titius, pour la philosophie et les mathématiques un brave maître de pension de Dresde, Storl, que ses convictions catholiques rendaient suspect dans une ville toute luthérienne. Il fournissait en outre des renseignements pratiques, pédagogiques, comme on dirait aujourd’hui, sur les écoles et les Universités de son
(1) D’Antraigues à l’amie, k septembre 1803. AT