Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 290
290 CHAPITRE SEPTIÈME.
2
voisinage, et ce qui reste de sa correspondance à cet égard prouve la variété de ses observations et de ses connaissances (1). Il était hostile à l'institution des prival docenten rétribués par leurs élèves, comme abaissant l’enseignement; en revanche, il recommandait la collation de bourses de voyage aux étudiants, suivant un usage dès lors pratiqué en Angleterre. Sa propre expérience lui avait fait comprendre l'utilité d’un séjour à l'étranger pour la jeunesse. Il recommandait aussi la connaissance des langues vivantes, mais ne répudiait pas à leur profit celle des langues classiques, sans lesquelles, disait-il, « on est condamné à la médiocrité (2) ».
Ses services s’étendaient aux travaux et aux études de tout genre. Un jour il se chargeait d'examiner des cabinets de tableaux ou des recueils d’estampes donton offrait l'acquisition au gouvernement russe; un autre jour il envoyait à Pétersbourg le modèle d'un lit nouveau mécanique à l'usage des cliniques de médecine, ou un fragment inédit d’Aristote découvert dans la bibliothèque de Dresde. Homme de lettres bien plus qu'homme politique, il passait sa journée à sa table de travail, entouré de quelques milliers de volumes qui étaient ses fidèles et ses plus chers compagnons d'exil.
Les écrivains favoris de sa jeunesse ne l'attiraient plus guère, puisqu'il avait renié leurs doctrines. Il gardait encore rancune à Rivarol, à cause de l’esquisse malicieuse insérée dans le Petit Dictionnaire des grands hommes. « Je ne fais pas plus de cas de ceux qu’il loue, disait-il peu
1) BogpaNoOuITCE (Histoire du règne de l'empereur Alevandre I”, t. 1, p. 443) analyse ses Observations sur l’Université de Leipzig. Parmi ses lettres à Czartoryski, celle du A7 juillet 4803 (A. P.) est particulièrement intéressante sur ces questions.
(2) D’Antraigues à l'amie, 19 février 180%.