Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 294
294 CHAPITRE SEPTIÈME.
connut Troubetskoï et s'amouracha de lui; ce fut là qu'elle fêta par avance ses secondes noces dans une soirée intime, égayée par un proverbe où Mme d’'Antraigues, se rappelant son ancien état, avait daigné accepter un rôle (1). Il y'eut depuis intimité entre les deux ménages. ‘
La Saint-Huberty ne voyait plus alors l'Opéra de Paris que dans ses lointains souvenirs, mais il lui plaisait d'entendre dire qu'elle avait dirigé la musique de la feue reine, et ce souvenir venait de lui valoir encore une pension autrichienne (2). Des propositions lui parvenaient d'Angleterre, où elle eût été attachée à la duchesse d'York et eût dirigé une Académie de chant; de Russie, où elle eût présidé aux concerts de la cour et enseigné la musique à la famille impériale. Elle sut résister à ces tentations si puissantes sur les artistes, quel que soit leur âge, et son mari ne put se faire à l'idée qu’elle serait de nouveau à la solde de quelqu'un. À Paris on s'était souvenu, lors de la formation de la maison impériale, d'Anne-Antoinette de Saint-Huberty. Joséphine, qui voulait continuer la tradition de Versailles, avait dit en lisant son nom sur le « pied du palais» de 1789 : « Il faut qu'elle vienne reprendre sa place »; puis en riant : « Que dira d’Antraigues (3)? » Eût-elle donné suite à cette idée,
blié sa correspondance avec le comte Lichnowsky en 1826 et 1827 (1 vol. in-8°, Wien, 1888).
On trouve dans pe Fazroux, Mémoires d'un royaliste, le récit d’une piquante entrevue entre le prince de Rohan et le prince Troubetskot.
(4) De Moustier à Talleyrand, 13 février 1805. (A. K., Saxe, Correspondance.)
(2) De Goncourt, /a Saint-Huberty, p. 239.
(3) L'amie à d’Antraigues, 2 juin 180%.