Un agent secret sous la révolution et l'empire : le Comte d'Antraigues, стр. 296

296 CHAPITRE SEPTIÈME.

qui, étant donné l'éclat momentané de ses opinions philosophiques, ressemblait fort à un retour (1). D'ailleurs eût-il recueilli chez lui, s’il eût changé de religion, son ancien précepteur l'abbé Maydieu, qui l'avait suivi de Vienne à Dresde? Lui eût-il fait célébrer la messe devant lui, le jour anniversaire de sa naissance? Eût-il protesté, dans ses instructions à son secrétaire partant pour Pétersbourg, ne pas vouloir que son fils cessät d'être catholique? A force d'écrire en faveur de l'Église, il en était venu à croire en elle, au moins partiellement; la foi de ses pères s'était réveillée et se fortifiait peu à peu en lui, faite de remords envers sa mère et de sollicitude envers son fils. Il prenait rang parmi les élèves de Jean-Jacques qui, n'ayant pas marché derrière Robespierre, ont fini par suivre de loin Chateaubriand. On a dit qu’une page de catéchisme relue au déclin de la vie est plus saine pour l’âme que les plus brillants souvenirs. D'Antraigues éprouvait la justesse de cette pensée en faisant épeler le catéchisme à son fils, pour lequel il souhaitait un sort plus calme que le sien.

D’autres fois il se dérobait aux préoccupations de son triste métier et de son morne intérieur en se réfugiant, autant qu'il le pouvait désormais, au milieu de ses souvenirs. Un compatriote du Vivarais, qu'il rencontra un jour à Leipzig, le ravit et ce fut pendant trois jours entre le voyageur et l’exilé une causerie intarissable. L'amie de Paris était aussi une correspondante aimée qui non

(4) Journal des Débats du 6 pluviôse an X. — Cf. le démenti inséré à la demande de la famille dans le n° du 11 ventôse. D'Antraigues est remercié par sa mère (17 juillet 1802) de la déclaration formelle de catholicisme qu'il lui a envoyée. L’ami lui écrit (1% février 180%) : « Votre volonté bien juste de garder votre religion. »