Une offrande Genevois à l'Assemblée nationale

UNE OFFRANDE GENEVOISE À L'ASSEMBLÉE NATIONALE 29

En attendant les développements que nous donnerons à cette affaire, dans laquelle, non seulement l'honneur et la loyauté de la Nation Françoise, mais ses intérêts mêmes nous paroissent également compromis, nous devons à nos concitoyens de nous informer que tous les efforts des Magistrats de Genève, pour donner le plus grand éclat à la promulgation de cette Garantie, à l'Assemblée générale, ont été vains.

Les Volontaires se sont refusés à prendre les armes pour cette prétendue fête. La plupart des citoyens, regardant ce jour comme un jour de deuil pour la Patrie, se sont abstenus de l'Assemblée; etcelle-ci, qui, sous l'empire des Lois et de la Liberté, eût été d'environ 12 à 1600 Ciloyens, a été réduite à environ 3 ou 400, qui, pour masquer leur petit nombre, ont ouvert les portes du Temple aux personnes de tout sexe et de tout âge qui n'ont pas droit d'y assister.

Ce préliminaire ne promet pas sans doute à cette quatrième Garantie un meilleur sort qu'aux trois précédentes; car, tant qu’il y aura de la vertu sur la Terre, toute Transaction qui tendra, comme celle-ci, à priver un Peuple du droit de vivre sous des Lois qui lui plaisent, ne saurait se soutenir bien long-tems.

Cest pour prévenir les commotions et les malheurs auxquels une nouvelle révolution pourrait nous exposer encore, que nos concitoyens se disposent à recourir à l'Assemblée Nationale,

Une fois libres de toute garantie, rentrés dans Ja possession du droit sacré de faire leurs Lois sans que l’absurbe veto de cinquante Aristocrates paralyse leurs volontés, nos concitoyens rétabliront bientôt dans Genève une Constitulion qui y fixe à jamais la liberté, le calme et la concorde, dont les Garanties étrangères les avoient privés.

Lorsque les Aristocrates Genevois pensent à ces Garanties qui les ont si souvent et si dispendieusement protégés, ils vantent la générosité Françoise. Nous l'exalterons à plus juste titre, nous la bénirons quand celle Nation loyale et magnanime cessera de permettre que son nom et ses forces soient employés à notre oppression.

Vous pouvez, Monsieur, faire de ces observations l'usage que vous Jjugerez convenable : elle sont l'expression de la vérité. Agréez celle de notre reconnoissance pour l'intérêt que vous prenez aux droits d'une Peuplade qui ne mérita jamais de les perdre, qui en jouiroit encore si l’on eût respecté à son égard les rapports sacrés qui unissent entre eux tous les Corps politiques, quelle que soit leur force ou leur foiblesse,

Nous sommes, etc.

Signés, E, CLavière, J. A. pu Rouveray, L. E, Duuoxr.