La mort de Louis XVII d'après la Registre-Journal du Temple : documents inédits

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eux, qui avaient vu le jeune Prince aux Tuileries, ou dans le Temple, attestèrent que c'était effectivement le Dauphin. Une vingtaine, au moins ‘, de ces officiers, ainsi que les gardiens et les préposés au service de la Tour, signèrent le procès-verbal qui fut dressé en cette circonstance par le sieur Darlot, commissaire civil de la section du Temple : il est déposé dans les bureaux ministériels.

Jusqu'à la dernière phrase, Eckard suit ou croit de bonne foi suivre mot à mot Damont. Mais la fin du passage suppose la connaissance d’une autre pièce, que nous retrouverons. Cette pièce, ce « procès-verbal » était, dit l'historien, « déposé dans les bureaux ». Beauchesne et Chantelauze, suivant à leur tour Eckard, signalent aussi ce « dépôt » et rappellent que le 19 germinal an IV, Lasne avait remis à Bénezech, ministre de l'Intérieur du Directoire, les fameux registres du Temple, que, seule entre tous les profanes, M"° de Tourzel eut un jour le loisir de parcourir et qui, selon toute vraisemblance, ont à jamais disparu *. Mais il ne s’agit pas ici du dépôt fait sous le Directoire : il s’agit d’un autre, opéré sous la Restauration pendant l’enquête de 1817, et qui s’éclairera plus loin.

Toujours est-il que sur ce sujet de l'identification du cadavre, les 20 et 21 prairial, l’autorité d'Eckard, renseigné principalement par Damont, semblait telle à Beauchesne, renseigné d’une facon concordante par Gomin, et à Chantelauze, fortifié dans sa confiance par sa découverte personnelle, que tous deux se sont, pour ainsi dire, contentés, dans cette phase capitale du drame, de reproduire l'historien de la Restauration. Du moins aperçoit-on chez eux l'influence constante de son texte, considéré véritablement comme une « source ». Les mots, les phrases, tout rappelle

4 Damont, comme on l’a vu, parle avec amphibologie d'une vingtaine des hommes de la garde montante, dont la majeure partie reconnut l'enfant. En comptant ceux de la garde descendante, c'est-à-dire en multipliant le dernier chiffre par deux, on arrive, pour les témoins aflirmatifs, au nombre donné par Eckard, — sans doute, d'après quelque témoignage oral de Damont.

2 « Notamment, les sieurs Bourgeois, commandant, de la section de la Fidélité; Lucas, adjudant, idem; Ratreaux, capitaine, idem; Seguin, lieutenant, des Droits de l'Homme; Normand, sous-lieutenant, de l’'Hommearmé; Vuillaume, sergent, des Arcis, etc.; Damont, Darlot, commissaires civils ci-dessus nommés; Bigot, idem, des Droits de l'Homme; Bouquet, idem, de la Fidélité, ete., ete, » {note d'Echard). — Ces deux derniers commissaires avaient été, comme on sait, convoqués extraordinairement et hors rang par la Convention, désireuse de faire mieux encore certifier le décès. Res

3 Le récépissé-décharge délivré à Lasne par Benezech se trouve en oniginal aux Archives nationales, BB30964, 3° lasse, pièce P.