Les derniers jours d'André Chénier
LES DERNIERS JOURS D'ANDRÉ CHÉNIER 289
femmes. André Chénier, à Louveciennes, en avait, lui aussi, salué | aurore radieuse. Et puis, brusquement, voici l'horrible apparition de la mort,
O Mort, tu peux attendre; é o'gne, éloigne-toi! Va cunsoler les cœurs que la honte, l’effroi, Le pâle dése-poir dévore. Pour moi Palès encore a des asiles verts, Les Amours, des baisers, les Muses, des concerts, Je ne veux pas mourir encore.
Le poète, ayant ainsi fait vibrer sur sa lyre la corde quiexalte l'Amour et celle qui pleure la Mort, a voulu voiler d'un mystère discret et cacher sous un silence respectueux le nom de la Yeune Captive :
Ainsi, triste et captif, ma lyre toutefois
S'éveillait, écoutant ces plaintes, cette voix, Ces vœux d’une jeune c ptive;
Et, secouant le faix de mes jours languissants,
Aux douces lois des vers je pliais les accents De sa bouche aimable et naïve,
Ces chants, de ma prison témoins harmonieux,
Feroût à quelque amant des loisirs studieux, Chercher quelle fut cette belle.
La grâce décorait son front et ses discours,
Et, comme elle, craindront de voir finir leurs jours, Ceux qui les passeront près d'elle,
Il est triste, il est captif, ses jours sont « languissants », mais la grâce, les propos, les riresd'Aimée de Coigny éveillent en lui une dernière vision, un dernier écho d'un monde charmant qui date d'hier et qui, à ses yeux, semble déjà dater d’un siècle, comme « un petit monde d'autrefois ».
Les plus minutieux historiens ne pourront jamais nous énumérer toutes les aventures galamment romanesques dont Paris fut le théâtre pendant ces annees divinement douces qui furent le prélude pastoral de la