Paul et Bonaparte : étude historique d'après des documents inédits

PAULET BONAPARTE. 651

Les ministres du roi Frédéric-Guillaume IT hésitèrent quelque temps avant d’obtempérer à la prière du Directoire et ce n’est qu'en avril qu'ils se décidèrent à la communiquer à Moscou où se trouvait l’empereur pour la cérémonie de son sacre. Les ouvertures françaises ne furent pas mal accueillies par Paul qui, au début de son règne, ne rêvait que le rôle de pacificateur. Il était alors sur le point d'expédier le maréchal prince Repnine, en qualité d'ambassadeur extraordinaire à Berlin et à Vienne, afin d'y porter l'offre de la médiation de la Russie. Dans une

première instruction il lui prescrivit de proposer comme condition de la paix européenne la reconnaissance de la République, la cession à la France de Nice et de la Savoie ainsi que des PaysBas autrichiens, et au besoin de la limite du Rhin sur tout son parcours ; mais quelques jours plus tard, il revint sur cette concession (1). De plus, Repnine avait ordre de se mettre « inCidemment et sans affectation » en rapports avec le citoyen Caillard, ministre de la République près la cour de Prusse, et de l'assurer du désir de l’empereur de contribuer de toutes ses forces à la pacification de l'Europe (2).

Cependant les victoires du général Bonaparte ayant arraché à l'Autriche les préliminaires de Léoben, la médiation russe devenait sans objet et le départ du prince Repnine fut contremandé. On eut soin toutelois de prescrire à M. de Kolytcheff, ministre de Russie à Berlin, de se conformer aux instructions qu'avait reçues le maréchal, et sans chercher à entrer en négociation avec Caillard, de ne pas éviter non plus une occasion naturelle de s'expliquer avec lui. « L'empereur, devait dire le diplomate russe, ne se considère pas en état de guerre avec la France: dès son avènement il avait pris le parti de vivre en paix avec tout le monde et non seulement il n’a jamais entrepris rien qui fût hostile à la France, mais il a toujours conseillé et insinué à ses alliés de terminer la guerre au plus tôt, se déclarant prêt à y concourir par sa médiation ou ses bons offices, du moment où le désir lui en aurait été exprimé de part et d'autre (3). M. de Kolytcheff s'acquitta de ces ordres et, après une première entrevue avec Caillard, dans un pare aux portes de Berlin, il manda à sa cour que le ministre français répondit à sa déclaration en

(1) Paul au prince Repnine, le 25 avril 1797. (2) Le même au même, le 30 avril 1797. (3) Paul à Kolytcheff, le 30 juin 1797.